dimanche 26 mars 2017

Le western en BD : même pas mort !


Le western dans la bande dessinée était le thème du débat "Go west young man" qui réunissait quatre auteurs, lors de la 47e édition du salon du Livre de Paris (24-27 mars 2017). Herman (Duke tome 1), François Boucq (Bouncer tome 9), Hugues Micol (Scalp) et Frédéric Maffre (Stern tome 2) ont évoqué, au micro de Frédéric Hojlo (ActuaBD), ce genre BD qui continue d'avoir du succès auprès du public.

Comment ces auteurs sont-ils venus au western ?

Pour Hermann, cela a été relativement simple. "C'est grâce au cinéma, mais pas seulement. J'ai aussi utilisé des livres qui relatent le comportement de certains hors-la-loi aux Etats-Unis. Mais, dans mes albums, je ne pars pas en croisade contre quelque chose, j'essaie simplement d'être le plus fidèle à ce qui est le plus proche de la terre, à la nature, car cela me suffit amplement."  



Hugues Micol
Frédéric Maffre
Pour Frédéric Maffre, "Un western, car c'est quand même dans notre ADN. Le désert, les indiens, cela nous parle et le western étant un genre très codifié, cela veut dire que l'on peut jouer avec les codes." Hugues Micol, lui a préféré aborder le genre de manière décalée, en s'intéressant à une époque historique antérieure au western. "Ce qui m'intéressait, c'était plus le proto-western. L'action de mon histoire se situe dix ans après la bataille de Fort Alamo et avant la guerre de Sécession. Donc nous ne nous situons pas dans l'âge d'or du western, même si l'on y retrouve toutes ses images iconiques. Mais, on n'y voit aucun Stetson, mais des chapeaux haut-de-forme et les révolvers sont de gros Colt chargés à la poudre. Ce qui m'intéressait, c'était de montrer l'aspect sauvage et ultra-violent de la création de l’État du Texas."


La culture western de François Boucq est essentiellement cinématographique et graphique.  "Mon envie de dessiner a été motivée essentiellement par ces deux aspects-là. Notamment, les peintres du western qui sont magnifiques, comme Maynard Dixon, qui m'ont permis d'introduire ces paysages, ces couleurs, dans mes images. Mais, c'est surtout la capacité qu'a le western en bande dessinée à générer de nouvelles images, à cause des personnages, mais aussi des décors. Car, par leur dramaturgie, ceux-ci accentuent l'acuité des personnages."

Pour aborder le genre, François Boucq s'est également beaucoup documenté sur la culture des armes à feu aux Etats-Unis. "J'ai commencé à lire des bouquins, pour savoir qui étaient les tireurs de l'Ouest, car la culture des armes à feu est ancrée dans les origines de ce pays. C'est beau à dessiner, car une arme est tellement le prolongement de la main, mais c'est aussi un outil de mort. Donc, j'ai pensé qu'il y avait pour moi un moyen de m'associer à cet univers, de trouver une manière pudique de le raconter." 

Le western a-t-il encore un avenir ?

Hermann
"Je crois que le western va tenir le coup un certain temps, car ce n'est pas le genre qui en a pris un coup mais la bande dessinée", estime Hermann. "Il a été au creux de la vague, mais maintenant il connaît un petit renouveau. En ce qui me concerne, le western est aux avant-postes et nous sommes repartis pour quelques années de très bonne santé."

"Je ne pense pas que le western retrouvera le niveau de popularité qu'il avait dans les années 1950-60 où il a connu un pic", estime Frédéric Maffre. "C'est un genre qui revient parce que, d'un côté, cela manquait aux lecteurs. D'un autre côté, comme il y a beaucoup de styles abordés dans le western, je pense que cela ouvre la porte à d'autres approches un peu plus obliques et je pense qu'il existe un public en attente d'une façon de faire qui change un peu l'image classique du western. Donc, le western devrait continuer, même si cela ne sera jamais,le rouleau compresseur, mais il y a encore de bonnes cartouches à tirer."

Boucq - Hermann - Maffre - Micol
"Quand on a voulu faire "Bouncer ", on nous a dit, cela ne valait pas le coup de faire un western, car ce genre ne marchait plus", se rappelle François Boucq. "Nous, on s'est dit, on s'en fiche, on va se faire plaisir. Puis, on s'est rendus compte que cela marchait très bien. Parce que le cadre du western a un potentiel tellement énorme que l'on peut l'utiliser sous plein d'angles différents." 

"Chaque fois, on annonce que le western est moribond, mais il arrive toujours à se réinventer", considère Hugues Micol. "Il y a dix ans, il y a eu le film "L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford" qui réinventait le western à sa façon, de manière poétique et onirique". Auparavant, il y avait eu la série TV "Deadwood" et le livre de Céline Minard, "Faillir être flingué". Donc, le western se réinvente en passant de la série TV à la littérature, car c'est un genre devenu universel, si on se réfère à la bande dessinée française. C'est devenu une espèce de pâte avec laquelle on peut construire ce que l'on veut. C'est pour cela je pense que le western ne mourra jamais."

 A lire également                                                          Reportage et photos Herve CIRET

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