Howard Terpning (1927- )

Un illustrateur devenu peintre par fascination pour les Indiens



Parmi les peintres américains contribuant à façonner le mythe de la conquête de l'Ouest, Howard Terpning occupe une place à part. En effet, c'est un artiste contemporain qui s'attache à reconstituer l'histoire des Indiens des plaines, avec véracité et un sens aigu du détail. Ce qui rapproche sa démarche picturale de celle des plus célèbres illustrateurs de l'Ouest, tels Remington ou Russell. 
 
Ce n'est qu'en 1974, à l'âge de 47 ans, qu'Howard Terpning commence à se consacrer à sa passion de l'Ouest, et plus particulièrement des traditions des peuples amérindiens. Il en étudie les photographies historiques et est très rapidement fasciné par les coutumes des différentes tribus. Au point de les représenter comme elles étaient réellement autrefois. Jusqu'ici affichiste réputé, mais lassé par la nature commerciale de son travail, Terpning se décide à peintre des toiles ayant pour thème son sujet de prédilection et à les proposer à des galeries western.  Ses premiers tableaux se vendent autour de 2.000 dollars pièce. En 1977, en même temps qu'il s'éloigne du monde de l'art à vocation commerciale, l'artiste quitte le Connecticut et déménage en Arizona, au pays des Apaches, où il se consacre entièrement à la peinture de l'Ouest. Elu à l'académie nationale de l'art western et aux artistes cowboys d'Amérique, il en demeure un membre actif durant vingt-deux ans, au cours desquels il se voit décerner pas moins de quarante-deux prix. Ses toiles sont exposées à Pékin et à Paris. En 2006, lors d'une vente aux enchères de ses oeuvres, le tableau « A la recherche des Renégats » est adjugé à plus de 1,4 millions de dollars et la toile « Les traînards » vendu un peu plus de 1 million de dollars.

Une vocation précoce

Né le 5 novembre 1927, à Oak Park, dans l'Illinois, Howard Terpning grandit dans le Midwest américain, avant de vivre dans l'Iowa, le Missouri et le Texas. Passionné par le dessin, dès l'âge de sept ans, il dit à sa mère, décoratrice d'intérieur, et à son père, employé dans une compagnie de chemins de fer, qu'il veut devenir artiste. Dès l'âge de 15 ans, alors qu'il passe ses vacances, près de Durango (Colorado), dans un camp d'été, avec l'un de ses cousins, il se dit fasciné par l'Ouest américain et les Indiens des plaines. Mais, au lendemain de la seconde guerre mondiale, alors qu'il n'a que 17 ans, c'est le corps des Marines qu'il rejoint en servant, notamment, en Chine, de 1945 à 1946. Après avoir quitté l'armée, grâce à l'aide financière gouvernementale dont bénéficient les G.I., Terpning s'inscrit pour six mois à l'académie des beaux-arts de Chicago. Il en profite pour se perfectionner en dessin et en peinture. C'est alors qu'un ami de la famille l'introduit auprès d'Haddon Sundblom, un illustrateur réputé de cette époque. Grâce à cette recommandation et à la puissance de son coup de crayon, Terpning se voit embauché comme apprenti par l'illustrateur, pour travailler dans son studio de Chicago. Le jeune dessinateur y réalise de petits travaux d'atelier, avant de commencer à créer ses propres compositions.

Un affichiste de cinéma réputé

Durant les 25 ans au cours desquels il exerce son activité d'illustrateur, Terpning crée des couvertures de magazines, réalise des illustrations de contes et de publicités pour des publications telles que Reader 's Digest, Time ou Newsweek. Parallèlement à ce travail, Terpning dessine plus de 80 affiches de cinéma, en commençant par celle du film « Les Canons de Navaronne » en 1961. Suivent les afiiches de grands films des années 1960 : Cléopâtre, Le Docteur Jivago, Les 55 jours de Pékin, Lawrence d'Arabie et tout de même un western, « Les Professionnels » de Richard Brooks, avec Burt Lancaster, Lee Marvin et Claudia Cardinale. Il réalise même l'affiche de « Autant en emporte le vent » (1939), lors de sa ressortie en salles, en 1967. Mais, la guerre du Vietnam rattrape l'ancien Marine, qui se voit confier une mission exceptionnelle d'un mois, afin de témoigner des combats, à l'aide de son appareil photo et de son carnet de croquis. Après deux semaines de formation, Terpning est envoyé dans le Sud Vietnam, pour accompagner des patrouilles sur le front. L'artiste déclare avoir été profondément marqué par cette expérience. De retour du Vietnam, il réalise six tableaux, toujours visibles au Musée national du corps des Marines.

Un témoin fidèle des traditions indiennes

Howard Terpning est surnommé « Le conteur des Amérindiens ». En effet, ses tableaux réalistes sont parmi les plus recherchés et les plus reconnus par les connaisseurs comme témoignant, au plus près, des traditions et de l'histoire des nations indiennes. En effet, les œuvres de l'artiste n'apparaissent pas comme une simple reconstitution d'une scène historique, mais donnent l'impression d'en être l'un des acteurs. C'est la raison pour laquelle, Howard Terpning a obtenu la reconnaissance de ses pairs, en se voyant décerner plus de distinctions que n'importe quel autre artiste. Mais, la récompense dont l'artiste western est le plus fier, est d'avoir été accepté par les Amérindiens. Au point que le doyen de la tribu des Blackfeet (Pieds-Noirs) a considéré qu'à travers sa précision, sa compassion et sa perspicacité, dans la description des traditions et de la culture amérindiennes, Terpning fait preuve d'un profond attachement à l'égard des Indiens. C'est qui explique sans doute que certains considèrent que son oeuvre s'inscrit dans la tradition narrative picturale d'un Frederic Remington ou d'un Charles Russell, en raison d'une capacité d'introspection et d'un sens du détail exceptionnels. Fred Myers, le directeur du Musée Gilcrease, qui a exposé des tableaux d'Howard Terpning en 1985, considère qu' « il est tout simplement le meilleur artiste réalisant aujourd'hui des sujets westerns et qu'il fait partie d'un groupe très restreint de peintres de l'Ouest de la fin du XXe siècle, dont les œuvres resteront accrochées dans les musées et continueront d'être appréciées dans les cents prochaines années. »  

Herve CIRET

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