samedi 10 septembre 2016

Neverhome : les femmes-soldats de la guerre de Sécession


Le nouveau roman de l'écrivain américain Lard Hunt,"Neverhome" (Actes Sud), aborde un sujet peu connu aux Etats-Unis : la présence de femmes dans les rangs des combattants de la Guerre de Sécession américaine (1861-1865), entre les Etats du Nord et du Sud. Nous avons rencontré l'auteur, à l'occasion de l'édition 2016 du festival America de Vincennes (Val de Marne).


Pour quoi avoir voulu parler des femmes dans la Guerre de Sécession ?

Tout est parti d'un recueil de lettres d'une jeune femme à sa famille, pendant la guerre de Sécession, que mon épouse m'a offert, il y a 17 ans, comme cadeau d'anniversaire. Ces lettres sont magnifiques et c'est la question de ces quelques 500 femmes qui y ont participé, il y a 150 ans, qui m'a intéressé. Car, c'est une histoire mal connue, un peu oubliée, effacée même.

Vous vous êtes basé sur des documents historiques ?

Oui, car l'on dispose d'au moins trois livres écrits par des femmes soldats nordistes. On a également retrouvé un mémoire d'une femme, Loretta Velasquez, qui avait participé à la guerre de Sécession, au sein des troupes sudistes. Par ailleurs, j'ai pu collecter des bribes d'histoires dans les journaux de l'époque.

On connaît la motivation de ces femmes-soldats ?

A l'époque, ce n'était pas possible de combattre en tant que femmes, car celles-ci n'en avaient pas le droit. Pourtant, beaucoup d'entre elles voulaient se faire enrôler dans les rangs des armées nordistes et sudistes, pour se battre pour leur pays, comme les hommes. Même de nos jours au Etats-Unis, les femmes viennent juste d'avoir le droit de combattre.

Comment vous est venue l'idée qu'une femme aille combattre à la place de son mari ?

C'était ma propre idée, je ne l'ai pas trouvée dans des documents historiques. A l'époque, même s'il existait des moyens d'éviter d'aller faire la guerre, chaque ferme devait envoyer quelqu'un combattre. Et dans la famille que je décris dans mon roman, ce n'était pas possible. Car, le mari est un poète, un artiste. Bref, tout, sauf un guerrier. Par contre, son épouse, la protagoniste du roman, est une femme forte, qui sait manier les armes. Ce n'est donc pas un choix pour elle, c'est une évidence que d'aller se battre aux côté des Nordistes.
C'est aussi une belle preuve d'amour…. 
C'est vrai que « Neverhome », c'est aussi une grande histoire d'amour. Mais, d'amour impossible finalement. Un amour qui ne va pas se terminer si bien que cela.


A travers votre roman, vous avez voulu montrer la perception de la guerre par les femmes ?

Nous disposons de peu de témoignages de femmes sur la guerre. Donc, en tant qu'homme, je voulais comprendre la différence de leur attitude. Car, partir faire la guerre, en se travestissant comme un homme, déjà cela est différent. La guerre, c'est déjà horrible, mais, être déguisée, c'est encore pire. Quand ces femmes soldats étaient découvertes, la situation devenait difficile à vivre pour elles, ensuite. 

Comment votre livre a-t-il été accueilli aux USA, où la guerre de Sécession est toujours un sujet sensible ?

Très bien, surtout dans le Sud des Etats-Unis, où le livre a suscité de l'intérêt, auprès d'un nombre important de gens, qui ne connaissaient pas ces faits et pour lesquels mon roman a été une découverte. Car, nos livres d'histoire ne parlent pas de ces femmes soldats. 
 
Quel est le thème de votre prochain roman ?

En février 2017, va être publié aux Etats-Unis, mon roman qui parle d'un lynchage célèbre, dans l’État d'Indiana, en 1930. Après cette événement atroce, la chanteuse Billie Holliday a interprété une chanson célèbre qui s'intitule « Strange Fruit ». A partir de cet évènement, je raconte l'histoire d'une femme qui veut assister à ce lynchage et d'une autre qui veut, à tout prix, quitter la ville, ce jour-là. En fait, dans tous mes romans il y a un fond historique. Je pars de l'Histoire avec grand "H", afin de raconter de petites histoires.

 A lire également sur la Guerre de Sécession américaine                                    Propos et photos recueillis par Herve CIRET 

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