lundi 31 août 2015

Rencontres d'Arles : deux photographes américains témoins de leur époque



Les Rencontres d'Arles (Bouches-du-Rhône) proposent, jusqu'au 20 septembre 2015, de découvrir deux photographes américains dont les démarches sont similaires : Walker Evans et Stephen Shore. Chacun à leur manière, ils ont tenu à montrer l'envers du rêve américain.  Créé il y a 45 ans par le photographe enfant du pays, Lucien Clergue, l'écrivain Michel Tournier et l'historien Jean-Maurice Rouquette, ce festival de renommée internationale présente uniquement des productions inédites et accueille près de 100 000 visiteurs, dans des chapelles moyenâgeuses et des bâtiments industriels du 19e siècle.




Le premier, né à St Louis (Missouri) en 1903 et mort en 1975, se fait connaître à la fin des années 1920, notamment pas son travail sur la Grande dépression qui a frappé la société américaine après le krach boursier de 1929. Plutôt que d'opter pour la photo artistique ou d'actualité, comme la plupart de ses confrères de l'époque, Walker Evans veut témoigner de manière documentaire de la réalité de la vie quotidienne de ses concitoyens : anonymes dans le métro, travailleurs dans la rue. Au point, que ses clichés constituent aujourd'hui des points de repère de l'histoire sociale des Etats-Unis. Les oeuvres présentées à Arles portent sur le travail qu'il a réalisé pour des magazines  populaires américains. Non seulement Walker Evans choisissait ses sujets, au lieu de se cotenter de répondre aux commandes des éditeurs, mais rédigeait aussi lui-même les textes - souvent critiques sur les valeurs de la société américaine - accompagnant ses photos et décidait de leur mise en page. Ce qui était une vraie révolution à l'époque. Pourtant, Walker Evans ne souhaitait pas devenir photographe. Lui rêvait de littérature et voulait traduire les poèmes de Baudelaire.



Stephen Shore, né à New York en 1947, commence à prendre des clichés dès l'âge de 10 ans. Il se voit offrir un ouvrage du photographe Walker Evans. qui va influencer le reste de sa carrière de photographe autodidacte. "C'est beaucoup plus profond qu'une influence", avoue Stephen Shore. "Quand je regardais les photos de Walker Evans, je ressentais déjà quelque chose, une sorte de parenté, même si je n'étais pas assez mûr pour le comprendre." A partir de ce moment-là, Stephen Shore n'a de cesse faire ressortir dans son travail les traces indélébiles d'une Amérique à la dérive. En 1965, à 17 ans, il rencontre Andy Warhol et photographie son atelier, la Factory. Au début des années 1970, quand il se met à la couleur, il photographie chambres de motels, automobiles et paysages. Il n'a que 24 ans, quand une exposition lui est consacrée au Metropolitan Museum of Art de New-York et devient ainsi le deuxième photographe américain, après Alfred Stieglitz, à être consacré de son vivant.



Ces deux arpenteurs-photographes nous montrent une Amérique, sans fard, telle qu'ils la voient, à travers leur objectif "subjectif". Quitte à briser quelque peu notre "rêve américain".


 @Stephen Shore
@ Walker Evans












Exposition présentée au musée départemental "Arles Antique", jusqu'au 20 septembre 2015



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