dimanche 14 juin 2015

Oliver Gallmeister, éditeur au naturel... américain

Tombé littéralement amoureux de la littérature américaine, dès l'adolescence, Oliver Gallmeister, fondateur il y a 10 ans des éditions qui portent son nom, revient sur son parcours et les débuts de cette superbe aventure éditoriale. 

Une maison qui a beaucoup participé à la valorisation en France du "Nature writing", cette littérature inspirée, notamment, par les grands espaces de l'Ouest américain. 

Nous avons rencontré Oliver Gallmeister (photo @H.Ciret ci-contre ), à l'occasion de l'édition 2015 du festival Etonnants Voyageurs de Saint-Malo.



Comment vous est venue l'idée de créer une maison d'édition ?

Lecteur depuis ma tendre enfance des grands auteurs classiques français, puis russes, vers l'âge de 18 ans, j'ai découvert les écrivains américains : Steinbeck, Faulkner, Fiztgerald, Hemingway, Tennessee Williams, Arthur Miller et je suis littéralement tombé amoureux de cette littérature. Puis, mon horizon s'est élargi avec  des auteurs comme Jim Harrison, Russell Banks, Paul Auster, dont je me suis mis à lire les oeuvres en anglais, parce que j'aime cette langue. Et puis, je me suis dit : dans cette littérature américaine il y a une sensibilité, moins urbaine, plus rurale, pas suffisamment connue, qu'on appelle le "Nature writing" dont la nature est le sujet. Moi-même, je pratique la pêche, la randonnée, le bateau et suis sensible à cet environnement-là. Or, en France, on écrit peu sur les grands espaces et j'ai donc voulu faire découvrir cette littérature au public français. Car, pour moi, ce qui fait la spécificité de la littérature américaine, c'est sa prise en compte des éléments naturels, de l'immensité du territoire, du mythe de la frontière, de cette quête de l'Ouest permanente, qui a façonné tout un imaginaire et dont les traces subsistent encore aujourd'hui.

Pourtant, vous n'étiez pas issu du monde de l'édition ?

Effectivement, je travaillais comme contrôleur de gestion dans une grande société. Mais, j'ai eu la chance de rencontrer des éditeurs prêts à me conseiller et j'ai appris mon métier sur le tas, tout seul pendant 5 ans. Aujourd'hui, la maison s'est développée tranquillement, nous sommes 8 personnes, et ne publions que de la littérature américaine contemporaine. 

Vous rééditez des romans qu'on a pu lire auparavant, mais peut-être dans de moins bonnes traductions et dont une partie du texte a pu être amputée...

Oliver Gallmeister - Photo H. CIRET
Certaines oeuvres que l'on réédite ont été bien traduites. Mais, il y a des textes plus anciens, notamment dans le domaine du roman policier, qui ont été complètement amputés. Parce qu'à une certaine époque, dans les grandes collections de romans policiers, on imposait des règles, comme un nombre maximum de pages. Car, il n'y avait pas le même respect du lecteur et les traducteurs étaient sous-payés. Résultat, des livres de 300 pages se voyaient réduits à 250 pages, lors de leur publication. Aujourd'hui, il est indispensable que les traductions proposées au lecteur soient de qualité, afin que ce dernier ait l'impression d'être au plus près du texte original. 




Comment procédez-vous ?

Quand nous reprenons une traduction, quelque soit sa qualité, soit nous faisons entièrement retraduire le livre. Soit, on le révise, avec l'accord du traducteur précédent. Chez nous, toutes les traductions sont entièrement révisées, en revenant au texte original, en comparant et en corrigeant. Parfois, on change seulement  5 ou 6 mots, parce que la traduction est parfaite. Parfois, on réécrit 80% d'une traduction.

La "marque de fabrique" de votre maison d'édition, c'est aussi le graphisme épuré de vos couvertures...

Quand on est un petit éditeur, on ne dispose pas d'autres moyens de communication que les couvertures des livres qu'on publie. Pas question de faire de la publicité dans le métro ou sur les bus. Donc, nos livres doivent être porteurs de sens et leur apparence doit être en accord avec le contenu du livre. Nous avons aussi besoin de nous démarquer des autres éditeurs, en créant une identité qui crée un réflexe chez nos lecteurs potentiels. Certains d'entre eux achètent nos livres sans connaitre le nom de notre maison d'édition et c'est très bien. Simplement, quand le lecteur voit nos couvertures, il sait tout de suite dans quel univers il est. De plus, cela correspond à notre vision du contenu des livres, à l'âme même de notre maison d'édition. Et contrairement à l'affirmation anglaise qui dit qu'on ne juge pas un livre à sa couverture, le lecteur juge un livre à sa couverture.


Propos recueillis par Herve CIRET, à l'occasion du festival Etonnants Voyageurs de Saint-Malo 2015

A lire également, l'interview de Kim Zuppan, auteur américain publié chez Gallmeister

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