vendredi 17 mai 2024

Festival Etonnants Voyageurs 2024 : mon programme américain

 

Le festival international du livre et du film "Étonnants Voyageurs" de Saint-Malo (18-20 mai 2024) propose des débats et des films consacrés aux Etats-Unis. L'évènement est aussi l'occasion de découvrir dix nouveaux auteurs d'Outre-Atlantique, ainsi que des écrivains français évoquant l'Amérique.

Le voyage américain que je vous propose débute le samedi 18 mai à 15h15, par le débat "Amérique,un rêve de liberté" à l'hôtel de l'Univers (Grande Salle), en présence de Marie CHARREL , Marine SANCLEMENTE et Catherine FAYE. Il se poursuit à 16h45 à l'Auditorium au Palais du Grand Large, avec le débat "Inspirations Amérique" auquel participent Colum MCCANN, Brandon HOBSON, Jocelyn Nicole JOHNSON. À quelques mois des élections présidentielles américaines, les écrivains s'interrogent sur les  aspirations de leurs concitoyens qui divergent profondément. Un débat suivi du film King Coal d'Elaine Sheldon (bande-annonce ci-dessous) sur l’histoire de l’industrie charbonnière dans les Appalaches, où tout le quotidien de ses habitants tournait autour de cette production. 

La deuxième étape de ce voyage américain se poursuit le dimanche 19 mai, à 10h00, à la Grande Passerelle, à la médiathèque de Saint-Malo, en compagnie de l'illustrateur américain Miles HYMAN.
 Originaire du Vermont mais vivant en France, ce dessinateur de bande dessinée présente une exposition inspirée pr l’univers du roman. Ainsi, l'écrivain Guillaume Musso lui a-t-il confié l’adaptation de son roman, "La vie secrète des écrivains". Lors d'un débat, Miles HYMAN 
évoquera ses itinéraires graphiques. A 10h30, à l'Hôtel du Nouveau Monde, l'auteur américain de science-fiction, Blake CROUCH, auteur de la trilogie "Wayward Pines" (vidéo ci-dessous) adapté en série TV, nous dira où il puise son inspiration et évoquera "Upgrade", son dernier thriller d'anticipation, mettant en scène un homme numériquement augmenté.

 

Toujours le dimanche 19 mai, à 15h15, salle Maupertuis, au Palais du Grand Large, les auteurs américains Jim Fergus et David VANN évoqueront les histoires oubliées d'aventuriers, de la Louisiane à la Floride. Dans le prolongement de sa trilogie "Mille Femmes blanches", l’Américain Jim FERGUS brosse le portrait d'une femme hors du commun dans "Le Monde véritable". Dans son dernier roman, "La contrée obscure", David VANN relate l'épopée du conquistador espagnol Hernando de Soto, au 16e siècle en Floride. Devenu gouverneur de ce nouvel Etat hispanique, ce dernier va devoir affronter la résistance des indiens Cherokee. Le dimanche 19 mai toujours, à 16h45, à la Grande Passerelle, sera projeté le documentaire "Tornades" d'Annabelle AMOROS sur les tornades au centre des Etats-Unis. S'il est étudié avec attention par ses habitants, afin de s’en protéger, ce phénomène météorologique est également pour eux l'occasion d'en faire un spectacle rentable.

Toujours dimanche 19 mai, cette fois-ci au Théâtre Chateaubriand, à 18h00, le débat "Échos des voix autochtones" donnera la parole  au romancier Cherokee Brandon HOBSON. Avec "Dans l’écho lointain de nos voix", son premier roman traduit en français, ce journaliste et enseignant explore les drames de la vie quotidienne, sur fond de traditions amérindiennes, tout en essayant de conjurer le mauvais sort. Enfin, à 21h30, le dimanche 19 mai, à la Grande Passerelle, soirée musique et cinéma, avec le documentaire, "La Baronne du jazz" (vidéo ci-dessus) de Hannah ROTHSCHILD, précédé d'un débat, en présence du pianiste et écrivain américano-français Laurent DE WILDE. Ce dernier nous entraîne dans le sillage des plus grands jazzmen américains des années 1950-1960, à partir des photos de la baronne britannique Pannonica, née Rothschild, amatrice de jazz bebop dont elle fut un important mécène.

Herve CIRET

Festival "Etonnants Voyageurs" (18-20 mai) à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) 

jeudi 16 mai 2024

Sur les traces de Thelma et Louise, 33 ans plus tard

 


Deux journalistes françaises ont sillonné en voiture les États-Unis, en suivant à la lettre l’itinéraire emprunté par les héroïnes du film "Thelma et Louise" de Ridley Scott, sorti en 1991. On y suivait l'escapade, le temps d'un week-end, de deux jeunes femmes : une épouse sous l'emprise de son mari (interprétée par Geena Davis) et une serveuse qui ne se laissant pas marcher sur les pieds (Susan Sarandon). Au fur à mesure de leurs rencontres, parfois violentes, leur périple de l'Arkansas à l'Arizona va se transformer en cavale, à travers les États-Unis (voir bande-annonce ci-dessous). À sa sortie aux États-Unis, le film avait suscité une polémique, car ses deux héroïnes répondant à la violence masculine par les armes.


Trois décennies plus tard, Catherine Faye et Marine ­Sanclemente ont donc repris la route empruntée par le duo de femmes de ce film devenu culte. Soit 10 000 kilomètres parcourus en voiture, à travers l’Arkansas, l’Oklahoma, le Nouveau-Mexique, l’Utah et l’Arizona. L'occasion pour les deux journalistes d’interroger les Américains qu'elles rencontrent sur la place des femmes, aujourd'hui aux Etats-Unis. Vous pourrez rencontrer les deux auteures de ce périple devenu un livre, le samedi 18 mai à 15h15, lors du débat "Amérique, un rêve de liberté", dans le cadre du festival "Etonnants Voyageurs" de Saint-Malo (18-20 mai 2024).

"A la vie à la mort - Sur la route avec Thelma et Louise" de Catherine Faye et Marine Sanclemente (éditions Paulsen)

Herve CIRET

mercredi 15 mai 2024

Un album hommage au rocker texan Calvin Russell

 


Ce n'est pas un hasard si Manu Lanvin sort un album dédié au chanteur texan disparu en 2011. En effet, en 2009, le bluesman français a coécrit, produit et réalisé "Dawg Eat Dawg", le dernier enregistrement studio de Calvin Russell. Pour cet album-hommage, Manu Lanvin s'est entouré de pointures du rock français, comme Charlélie Couture et Axel Bauer. Mais, aussi, le guitariste blues-rock américain Popa Chubby, le franco-britannique Hugh Coltman ou la belgo-américaine Beverly Jo Scott. L'idée en est venue, après qu'une salle de concert normande, "La Traverse" près de Rouen (Seine-Maritime), a demandé, en 2022, à Manu Lanvin d'organiser un concert-hommage au chanteur texan disparu. Concert qui s'est joué à guichets fermés, tellement il a eu du succès.

Fils adoptif de l'acteur et chanteur Gérard Lanvin, Manu Lanvin a déjà vingt ans de carrière derrière lui et 7 albums à son actif. Il est depuis longtemps salué par l'un des plus grands bluesmen français, Paul Personne, qui le rejoint régulièrement sur scène. Tout comme par Johnny Hallyday, dont il a assuré les premières parties. Si Manu Lanvin "endosse parfaitement le costume du bluesman désabusé qui chante les coups bas de la vie", comme il l'écrit sur son site web, il affirme demeurer un rocker optimiste. Son album-hommage à Calvin Russell sera disponible le 7 juin 2024.

Herve CIRET

mardi 14 mai 2024

Festival de Cannes 2024 : six films américains à l'affiche

 

La 77e édition du festival de Cannes - qui se déroule du 14 au 25 mai 2024 - est l'occasion de découvrir six nouveaux films américains, en présence d'acteurs et d'actrices d'Outre-Atlantique. Cate Blanchett, Nicolas Cage, Richard Gere, Kevin Kostner, Diane Kruger, Emma Stone, Meryl Streep - Palme d'or d'honneur du festival - et Uma Thurman fouleront le tapis rouge cannois. Les festivaliers sont, notamment, impatients de voir "Megalopolis", le dernier film de Francis Ford Coppola, déjà détenteur de deux Palmes d’or en 1974 et 1979. 

C'est un long-métrage de science-fiction (bande-annonce ci-dessus), au budget colossal de 120 millions de dollars, sur la reconstruction d’une ville gigantesque, après un cataclysme. Cette reconstruction crée un conflit entre un artiste ayant le pouvoir d’arrêter le temps et le maire conservateur de la cité baptisée New Rome. Ce dernier veut maintenir le fonctionnement précédent de sa ville, avec ses privilèges et ses milices privées. Le tout sur fond d'une romance entre la fille du maire et l'artiste.

Parmi les films de la sélection "Un Certain Regard", "Les Damnés", un western de Roberto Minervi. Durant l'hiver 1862, en pleine guerre de Sécession, la ruée vers l'or draine prospecteurs et aventuriers en tous genres, dans les contrées jusqu'ici paisibles et sauvages du Montana. Pour assurer et maintenir l'ordre, un régiment de volontaires y est envoyé par l’armée des Etats-Unis. Entre ordres et contre-ordres de leur commandement, l'occasion pour ces soldats de se questionner sur le sens de leur engagement dans cette mission.

Hors sélection officielle, le festival de Cannes est également l'occasion,  de projeter pour la première fois en salle en France, le dernier film de Kevin Costner, "Horizon : An American Saga" (bande-annonce ci-dessus). Un western en deux parties qui sera diffusé aux Etats-Unis, en juin et en août 2024. L'action se déroule avant et après la guerre de Sécession (1861-1865) et aborde le destin de plusieurs familles désirant coloniser des terres occupées par des tribus indiennes.

Dans "Oh, Canada" de Paul Schrader, on découvre l'acteur américain Richard Gere en célèbre documentariste canadien, accordant une ultime interview à l’une de ses anciennes élèves, jouée par Urma Thurman (photo ci-dessus). L'occasion pour lui de faire le point sur sa vie, sous les yeux de sa dernière épouse.
 

Dans la sélection de la compétition officielle, à noter "Anora" de Sean Baker. La romance, à priori idyllique, entre une jeune strip-teaseuse de Las Vegas - interprétée par l'actrice Mikey Madison, photo ci-dessus - et le fils d’un oligarque russe. Mais, quand le mariage entre les deux tourtereaux est évoqué, les parents du jeune homme débarquent à New York avec la ferme intention de faire annuler leur union. 
 
Le président Lula et le réalisateur Oliver Stone

Enfin, dans le cadre de ses séances spéciales, le festival  de Cannes présente le documentaire "Lula" d'Oliver Stone (Platoon, JFK, The Doors) et Rob Wilson. Un portrait qui aborde, sans détour, les déboires judiciaires et le retour au pouvoir du président brésilien, Luiz Inácio "Lula" da Silva, après dix-neuf mois passés en prison.

Herve CIRET

lundi 13 mai 2024

L' Arizona à portée d'avion de la France durant l'été 2024

 

A partir du 23 mai 2024 et durant tout l'été, Air France ouvre une 17e destination vers les États-Unis : Paris-Phoenix (Arizona), au départ de l'aéroport Roissy-Charles De Gaulle. La compagnie assurera trois vols directs par semaine d'une durée de 11 heures, à bord d'un Boeing 787 de 279 places. Cette nouvelle liaison va permettre aux visiteurs français d'accéder très rapidement aux merveilles des canyons, comme ceux d'Antelope Canyon et de Grand Canyon, et bien sûr à la mythique et fordienne Monument Valley, au désert de Sonora, ainsi qu'à la vallée de Sedona.

Antelope Canyon (Arizona)

Les départs à l'aller se feront depuis l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle à 10h10, pour une arrivée à Phoenix à 12h10 (heure locale). Le retour depuis Phoenix se fera à 14h10 pour une arrivée à Paris le lendemain à 9h15. Le vol aller-retour en classe économique est actuellement proposé entre 596 euros et 747 euros, selon la date du voyage. Cette liaison directe temporaire vers Phoenix n'est pas la seule proposée par Air France. La compagnie française a également repris ses vols vers Minneapolis (Minnesota) et l’extension de la desserte de Raleigh-Durham (Caroline du Nord). 

Herve CIRET

Vol direct Paris -Phoenix sur Air France

dimanche 12 mai 2024

Etonnants Voyageurs 2024 : l'Amérique toujours présente

 


Dix écrivains américains participent au festival international du livre et du film "Étonnants Voyageurs", qui se tient du 18 au 20 mai 2024 à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). L'occasion de retrouver des habitués de l'évènement littéraire malouin, mais aussi de découvrir de nouveaux auteurs d'Outre-Atlantique.

 

Jim FERGUS "Le Monde Véritable" (Le Cherche Midi, 2024) 

On ne présente plus cet écrivain des grands espaces qui vit dans le Colorado. Ce passionné de culture amérindienne s'est fait connaître en France, en 2000, grâce à son roman "Mille Femmes Blanches", basé sur des faits authentiques. Avec "Le Monde Véritable", Jim FERGUS revient à cette histoire en relatant le destin, en 1877, d'une jeune institutrice condamnée et emprisonnée pour le meurtre de son mari, suite à des violences conjugales. La jeune femme sort de prison en acceptant de rejoindre un convoi de femmes blanches destinées à épouser des guerriers indiens. 

David VANN La contrée obscure (Éditions Gallmeister, 2023)

Lui aussi est un habitué de longue date du festival Etonnants Voyageurs. Les lecteurs français ont découvert cet auteur originaire d'Alaska, en 2020, à travers son roman, "Sukkwan Island".  Cette année, il nous présente "La Contrée Obscure", qui relate l'épopée du conquistador espagnol Hernando de Soto, au 16e siècle en Floride. Devenu gouverneur de ce nouvel Etat hispanique, ce dernier va devoir affronter la résistance des indiens Cherokee. Une nation qui est celle des ancêtres de David VANN.

Brandon HOBSON "Dans l'Echo Lointain de nos Voix, Albin Michel, 2024)

Egalement d'origine Cherokee, ce journaliste et enseignant s’est appuyé, pour son premier roman, "Where the Dead Sit Talking", sur son expérience de travailleur social auprès des jeunes défavorisés. Brandon HOBSON aborde à nouveau ce sujet avec "Dans l’écho lointain de nos voix", son premier roman à être traduit en français. Sur fond de traditions amérindiennes, l'auteur explore les drames de la vie quotidienne, tout en essayant de conjurer le mauvais sort.

Diane WILSON "Les Semeuses" (Rue de l'Echiquier, 2024)

D'origine Sioux, née dans le Minnesota. cette militante écologiste se bat pour la souveraineté alimentaire des peuples autochtones d’Amérique et contre les pollutions de tous ordres. Le premier roman de Diane WILSON, "Les Semeuses", relate le parcours de quatre générations de femmes de sa tribu. 

Kristiana KAHAKAUWILA  "39 Bonnes Raisons de transformer des obsèques hawaiiennes en beuverie" (Au Vent des îles, 2022)

Bien qu'originaire d'Hawaï, cette autrice a grandi en Californie et a été journaliste pour des magazines avant d’enseigner l’anglais. Le recueil de ces six nouvelles de Kristiana KAHAKAUWILA évoque les tensions raciales et sociales qui secouent son archipel polynésien. De la jeune femme impatiente de venger son père, à la jeune touriste américaine dont le séjour tourne au cauchemar, les non-dits et les tabous tombent les uns après les autres.

Jocelyn Nicole JOHNSON "Mon nom dans le noir" (Albin Michel, 2024)

Pour son premier roman, cette autrice afro-américaine, née en Virginie, s'est inspirée des émeutes qui ont secoué sa ville de Charlottesville en 2017 et de l'assaut du Capitole en 2021. Véritable récit de résistance, Jocelyn Nicole JOHNSON y évoque les violences sociales, le racisme et les tensions politiques actuelles aux Etats-Unis.

Bathsheba DEMUTH "Terre-mer" (Payot, 2023)

A 18 ans, cette enseignante en histoire environnementale et sociale est partie vivre dans le Yukon (Canada), où elle a appris à chasser le caribou et à pister l’ours, avant de vivre entre l’Alaska et la Russie, dans un territoire appelé la Béringie. "Terre-mer" est le résultat de toutes ces expériences. Il met en perspective les crises climatique et énergétique et les ravages provoqués par une croissance à tout prix, dans ces étendues arctiques.

Blake CROUCH "Upgrade" (Gallmeister, 2023)

Cet auteur, né en Caroline du Nord, s'est fait connaître en France par sa trilogie "Wayward Pines", adaptée en série à la télé. Blake CROUCH revient avec "Upgrade", un thriller technologique d'anticipation mettant en scène un homme numériquement augmenté.

Laurent DE WILDE "L’oeil de Nica : Photographies de Pannonica de Koenigswarter" (Buchet Chastel 2023)

Pianiste de jazz et écrivain américano-français né à Washington et vivant en France depuis 1964, il est considéré comme un pionnier de la révolution électronique de ce genre musical. Après s'être intéressé au jazzman Thelonious Monk et à l'inventeur du synthétiseur Robert Moog, Laurent DE WILDE nous entraîne dans le sillage des plus grands jazzmen américains des années 1950-1960, à partir des photos de la baronne britannique Pannonica, née Rothschild, amatrice de jazz bebop dont elle fut un important mécène.

Miles HYMAN "La vie secrète des écrivains" (Calmann-Lévy, 2023) et "America" (Locus Solus, 2024)

Originaire du Vermont mais vivant en France,  ce dessinateur de bande dessinée est également un habitué, depuis 1990, du festival Étonnants Voyageurs qui lui a confié la réalisation de son affiche. Durant le festival, Miles HYMAN présente une exposition inspirée par l’univers du roman, à partir de dessins colorisés à l’ordinateur et de peintures à l'huile. Guillaume Musso lui a confié l’adaptation de son roman, "La vie secrète des écrivains". Quant à ses toiles récentes, vous les retrouverez dans l’art book "America".

Herve CIRET

Festival "Etonnants Voyageurs" du 18 au 20 mai 2024 à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine)

samedi 11 mai 2024

Disparition de Roger Corman, le "Roi américain de la série B"

 

Le réalisateur et producteur américain Roger Corman est mort le 9 mai 20242024 à Santa Monica (Californie) à l'âge de 98 ans. Considéré comme le "Roi de la série B", il a réalisé une cinquantaine de films - souvent à petits budgets - et en a produits 400. Il a permis à nombre de réalisateurs hollywoodiens de se faire connaître du grand public, tels James Cameron, Francis Ford Coppola, Ron Howard, Martin Scorsese ou encore Jonathan Demme. Côté acteurs, grâce à ses films d'épouvante, Roger Corman a fait de l'acteur Vincent Price une immense star du genre. C'est également lui qui donna sa chance à Jack Nicholson et lui apprit les ficelles du métier. 

Entre 1955 et 1956, Roger Corman tourne quatre westerns : "Cinq fusils à l'Ouest" avec Dorothy Malone, "La Femme Apache" avec Lloyd Bridges, "La Loi des Armes" avec John Ireland et "La Femme d'Oklahoma" avec Richard Denning. Le réalisateur va ensuite se spécialiser dans les films d'épouvante (La Chute de la maison Usher, Le Masque de la mort rouge, L’Empire de la terreur, La Chambre des tortures), inspirés des histoires fantastiques d'Edgar Allan Poe, qui font sa réputation en Europe. Marécages nappés de brouillard, manoirs hantés, décors gothiques et paysages lugubres deviennent sa marque de fabrique.
 

Les budgets de ses films ne dépassent jamais 100 000 dollars et leur tournage n’excède pas quinze jours. "Mitraillette Kelly" (1958) révèle l'acteur Charles Bronson et "Teenage Cave Man" (1958), Robert Vaughn. Comme producteur, Roger Corman impose un faible budget, de faibles salaires d'acteurs, un sujet regorgeant d’action, mais laisse libre cours au réalisateur pourvu que le budget ne soit pas dépassé. En 2010, Roger Corman avait reçu un Oscar d'honneur. "Mon cinéma ne connaît pas d'inhibition, il est plein d'excès et de rires", avait-il déclaré lors du festival de Cannes en 2023, avant de se voir gratifier d'une standing ovation et d'un hommage par l'un de ses plus grand fans, Quentin Tarantino.

Herve CIRET

Bande-annonce "La chute de la maison Usher (1960) 

vendredi 10 mai 2024

Il y a 111 ans, le premier bombardement révolutionnaire


 
Le 10 mai 1913, dans le ciel mexicain, un pilote français effectue le premier bombardement aérien d'un navire militaire. Recruté en tant que mercenaire  pour servir le révolutionnaire mexicain Venustiano Carranza, admirateur de Benito Juarez, Didier Masson est aux commandes d'un avion biplace Glenn Martin, acheminé en fraude depuis l'Arizona. Dans la baie de Guaymas, dans le golfe de Californie, en compagnie de son coéquipier,  le capitaine Gustavo Salinas, il attaque une canonnière de l'armée fédérale mexicaine. Bien que disposant de 75 kg de bombes, lancées d'une hauteur de 1 000 mètres, les deux aviateurs ratent leur cible. Ce qui ne les empêche pas d'être reconnus comme les auteurs du premier bombardement aérien de l'histoire. Le même jour, Didier Masson exécute un second "bombardement" plus pacifique celui-ci, en effectuant le premier largage aérien de tracts.

 
Né le 23 février 1886, à Asnières (Seine), Didier Masson est arrivé aux Etats-Unis en 1910, comme mécanicien d'une équipe française d'acrobatie aérienne. Recruté par un organisateur de spectacles aériens américain, notre français effectue des démonstrations en vol, en tant que pilote lors d'exhibitions à travers tout le pays. La même année, à New-York, il prend les commandes du premier avion conçu et construit par une femme, Lillian Todd. Cherchant à se faire connaître en battant des records, Didier Masson est victime d'un accident en 1911, près de San Bernardino (Californie), en voulant être le premier à acheminer des journaux par avion. Ce qui ne l'empêche pas d'être le premier pilote à rallier l'île d'Hawaï, dans le Pacifique. Véritable "saltimbanque des airs", en 1912, Didier Masson vole au sein du "Flying Circus", une célèbre troupe d'acrobatie aérienne qui se produit encore de nos jours.


En 1914, quand la guerre éclate en Europe, Didier Masson rentre en France.  Deux ans plus tard, après avoir été breveté pilote militaire, il intègre la célèbre Escadrille Lafayette, composée de pilotes américains, alors que les Etats-Unis ne participent pas encore au conflit. Il y est décoré de la Croix de guerre. En 1919, au lendemain de la guerre, Didier Masson revient en Amérique. Non pas pour piloter un avion, mais pour diriger un hôtel, avec son épouse, à Santa Barbara (Californie).   

En 1923, l'établissement ayant été détruit suite à un incendie ou un tremblement de terre, le couple émigre au Mexique. Didier Masson travaille alors comme directeur d'aéroport pour la Pan American et assure le rôle d'officier consulaire pour la France, jusqu'en 1940. Il meurt le 2 juin 1950, à Mérida, dans la province du Yucatán (Mexique).

Herve CIRET

mardi 7 mai 2024

Les "lettres américaines" de Bernard Pivot

 

Décédé le 6 mai 2024 à l'âge de 89 ans, Bernard Pivot s'est passionné pour l'Amérique. Au point de se voir décerner, en 1990, par la Revue américaine Connoisseur, le "Best Talk Show in the World", le prix de la meilleure émission mondiale de débats des programmes de télévisions américains, pour la diffusion de son émission littéraire "Apostrophes", aux Etats-Unis. La même année, il co-signe avec Gérard Ernault, "Pays de mes rêves : Etats-Unis d'Amérique".

Au cours de ses émissions littéraires, "Aspotrophes" et "Bouillon de culture", Bernard Pivot s'intéresse à de nombreuses reprises aux USA. En 1976, en compagnie d'écrivains et d'experts, il s'interroge sur la réalité du rêve américain et les raisons de notre fascination de l'Amérique, à travers les mythes fondateurs de cette nation. En 1980, trois jours avant l'élection d'un nouveau président américain, il dédie une émission au pouvoir aux Etats-Unis et  en Union Soviétique, en présence d'historiens et d'auteurs réputés.

En 1983, Bernard Pivot interviewe l'écrivain russe et Prix Nobel de littérature, Alexandre Soljenitsyne, réfugié dans sa maison de Cavendish, dans le Vermont, aux USA, après son expulsion de l'URSS. En 1985, l'actrice américaine Jane Fonda est l'invitée d'Apostrophes. De son propre aveu, le journaliste littéraire est tellement troublé par la beauté de son invitée qu'il en oublie d'interroger les autres autres écrivains présents sur le plateau. Au point de confesser plus tard avoir frôlé... la faute professionnelle.

Jane Fonda et Bernard Pivot en 1985, dans l'émission Apostrophes

En 1989, Bernard Pivot accueille dans son émission "Apostrophes" deux philosophes français, Michel Serres et René Girard, ayant fait le choix d'enseigner aux Etats-Unis. L'occasion d'évoquer les différences avec le système universitaire français et la satisfaction des étudiants américains. Enfin, en 1998, lors d'un "Apostrophes" spécial USA, le journaliste littéraire a l'occasion d'interviewer deux grands auteurs américains : Paul Auster, récemment disparu, et l'écrivaine afro-américaine Toni Morrison, prix Nobel de littérature.

Sa passion pour les Etats-Unis n'empêchait pas Bernard Pivot de se montrer parfois très critique à leur égard. Ainsi sur son compte "X" (ex-Twitter), en février 2018, publiait-il ce tweet : "La ressemblance entre l'Amérique et le Viagra? L'une et l'autre ont été découverts par sérendipité, c'est-à- dire en cherchant autre chose." Ou encore, en novembre 2016, lors de l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis : "La Floride a basculé, les États Unis ont basculé, la Maison Blanche a basculé, le monde a basculé, et je m'accroche à l'échelle de Richter." 

Enfin, saviez-vous que Bernard Pivot circulait à bord d'une "belle américaine", une Cadillac blanche ? C'est du moins ce que prétend l'écrivain Alain Beaulieu, dans un roman publié en 2006. L'animateur d'Apostrophes y annonce à des écrivains célèbres, les prémices de l’intelligence artificielle (IA), dans le domaine littéraire avec un roman entièrement rédigé par une machine baptisée "Bookie Joe". Bernard Pivot se servait d'ailleurs souvent de la symbolique automobile pour nous livrer ses bons mots : "Contrairement à l'homme, quand une voiture vieillit très longtemps, sa valeur augmente, échappant ainsi à la casse à laquelle sont promis tous ses conducteurs, pilotes de Formule 1 et gilets jaunes compris." ou encore, "L'amour est une voiture à double chevron qui ne marche pas au super, mais au temps. Il faut le plus souvent faire le plein de temps." 

Herve CIRET 

mercredi 1 mai 2024

Décès de l'écrivain New-Yorkais Paul Auster

 

 

Le romancier américain Paul Auster est décédé d'un cancer du poumon, le 30 avril 2024, dans sa maison de Brooklyn, à New-York, à l'âge de 77 ans. Sa passion de l'écriture lui est venue à l'âge de 12 ans, lorsqu'il sollicite l'autographe d'un joueur réputé de base-ball. Faute de disposer d'un crayon, il est privé de la dédicace tant convoitée. "Depuis ce jour-là, j’ai toujours eu un crayon sur moi, où que j’aille", avoue-t-il. "Et je le dis volontiers à mes enfants, c’est comme ça que je suis devenu écrivain."

D'abord traducteur de poètes français, Paul Auster écrit des poèmes avant de se tourner vers le roman, puis de réaliser des films à partir des années 1990. Maître dans l’art de la narration, il devient célèbre, grâce à ses récits new-yorkais peuplés de personnages paumés et marginaux. Parmi ses œuvres majeures, il faut citer "La Trilogie new-yorkaise", qui réunit "Cité de verre", "Revenants" et "La Chambre dérobée". Trois romans qui ont permis à Paul Auster d’acquérir une reconnaissance internationale. Son dernier roman, "Baumgartner", sur la solitude et le deuil impossible, est paru en mars 2024. Son roman "Brooklyn Folies" (2005), qui évoque le destin d'un sexagénaire en rémission d'un cancer du poumon, revenant vivre à New-York pour y trouver un endroit calme pour mourir, était en quelque sorte une oeuvre prémonitoire.

Herve CIRET

A revoir en vidéo, Paul Auster au Festival Etonnants Voyageurs de Saint-Malo en 2005