J. J. CALE, LE TROUBADOUR LAID-BACK

 
John Weldon Cale naît en 1938 à Oklahoma City, de parents aux lointaines origines européennes, mais aussi indiennes, "car, c'est un état où se trouvent pas mal de réserves", tient-il à préciser. A 17 ans il joue déjà dans des clubs locaux, à Tulsa, et monte son premier groupe, "Johnny Cale and the Valentines". Il y rencontre Leon Russell, qu'il accompagne lors de concerts. Ce dernier conseille à Cale de venir avec lui à Los Angeles où il espère trouver le succès. De 1964 à 1969, Cale y travaille, en tant que musicien de studio, ingénieur du son et accompagnateur de groupes. C'est à cette occasion qu'il enregistre son premier titre, "After Midnight". Le guitariste Eric Clapton est séduit par ce morceau qu'il enregistre avant J. J. Cale. Son interprétation fait connaître J.J. Cale auprès du public. Le guitariste de Tulsa se lance, alors, dans une carrière d'auteur-composteur-interprète et s'installe à Nashville, où il enregistre son premier album "Naturally" sur le label "Shelter" propriété de Audie Asworth et de... Leon Russel.

 
Les chansons de J.J. Cale vont de la country au rock, en passant par le jazz ou le blues. Elles abordent des sujets aussi variés que les femmes et la vie de musicien. Mais, aussi, les problèmes de société, comme la drogue, la pollution de l'environnement. 

Le plus souvent, J.J. Cale écrit la musique d'abord et rajoute ensuite les paroles. Ce qui fait son style, c'est le laid-back, cette nonchalance dans son phrasé de voix et... de guitare. D'après J.J. Cale, c'est parce qu'il n'arrivait pas à bien imiter Chuck Berry, Clarence Gatemouth Brown, Wes Paul ou Chet Atkins qu'il s'est mis à inventer cette manière de jouer si personnelle. Si, dans les premiers temps, "Djay-djay" a utilisé une guitare acoustique Harmony - qu'il a ensuite dotée de micros en retirant son plateau arrière - le succès aidant, il s'est acheté Stratocaster, Les Paul et Martin. 

Compositeur, mais pas chanteur 


"Je suis avant tout un compositeur" affirme J. J. Cale. "Dès le début de ma carrière, j'aurai dû louer les services de quelqu'un qui savait chanter et lui dire : Viens ici et chante ça ! C'est ce qui gêne ma façon de composer, parce que je ne peux aligner seulement que deux notes. Si je veux écrire la mélodie d'une chanson qui plaît au public, je n'y arrive pas. Aussi, je dois la composer sur ces deux notes. C'est ce qui explique que mes albums sonnent de cette façon. ça marche, mais cette façon de travailler a aussi ses limites. Cela m'empêche d'écrire des chansons que je pourrais composer, si j'avais un bon chanteur pour les interpréter. Depuis 40, 50 ans, que je fais des disques, je n'ai pas appris à chanter. J'écris toujours des chansons, ça oui. Sur le dernier album, il y a deux ou trois chansons sur lesquelles j'ai mixé ma voix et ma guitare. En fait, j'ai recours à la technologie, si j'estime que ça améliore l'enregistrement."  

 
Souvent imité

"Eric Clapton, bien sûr, a enregistré un paquet de mes chansons", poursuit J.J. Cale. "C'est la raison pour laquelle je n'ai plus besoin de travailler pour vivre et je l'en remercie. Cela m'a évité d'être obligé de trouver un job de chauffeur de taxi ! Mark Knopfler n'a jamais repris une seule de mes chansons, mais, il a écouté quelques uns de mes premiers albums et il a capté mon "groove", mon rythme. Et, je crois que j'ai eu une influence sur lui, mais, vraiment très petite. Car, je pense qu'il a surtout beaucoup écouté Bob Dylan pour sa façon de chanter. D'ailleurs, je suis plus une influence pour les musiciens européens qu'américains. Même si, le groupe Lynyrd Skynyrd a rendu populaire ma chanson Call Me the Breeze."
  
Le chantre du "laid-back"

"Quand j'ai commencé à faire des disques, qui ont eu du succès loin de chez moi, je me suis dit : Super ! ils savent qui je suis à Paris, en France, le genre laid back, décontracté", raconte J.J. Cale. "Et puis, à cause de ça, on m'a catalogué comme étant un reclus. Or, je ne suis pas un reclus, un solitaire ou quelque chose dans le genre ! En fait, si Dieu me prête vie assez longtemps, j'aimerais jouer de la musique et qu'il y ait assez de gens pour l'écouter et acheter mes disques pour que je puisse les enregistrer, sans que j'ai tout les matins à me demander ce que je dois faire. Je gagne ma vie et je n'ai pas besoin de sauter dans un cerceau et faire semblant d'être quelqu'un d'autre !"

Et le Rap ?


"Je n'écoute pas de la musique comme je le voudrais, car on entend des choses étranges à la radio. Peut-être parce que je me fais vieux. J'aime de nouvelles choses, mais aussi le son de Nashville. J'ai aussi acheté quelques disques de rap. Mais, j'aime pas trop le rap. Pourtant, ces types sont parmi les meilleurs, pour la plupart. Mais, en général, si j'entends quelque chose à la radio, je descends l'acheter et je rentre à la maison pour l'écouter. Sinon, je lis, quand je ne travaille pas trop. Je le fais plus, il me semble, qu'il y a cinq ans. C'est le genre de passion, une fois que vous êtes dedans, qui est vraiment agréable. Et puis, si vous en sortez, ça change votre vie. Mais, si je m'ennuie, et que je n'ai rien à faire, je descends me planquer au bar du coin ou à la frontière."

J.J. Cale a joué ses derniers accords, le 26 juillet 2013. Il avait 74 ans.
 
(Photos Stephane Sednaoui - Interview de Frank Goodman pour www. puremusic.com, juin 2004 - traduction Herve CIRET)


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