samedi 27 juin 2015

Virginia : une BD western poétique

Un scénario de bande dessinée western pour adultes écrit par une femme ! Voilà qui n'est pas banal, dans cet univers qu'on pourrait croire macho. D'autant que le dessin, tout en couleurs pastelles de Benoît Blary, confère à cette série, "Virginia", (Casterman) une ambiance poétique à laquelle nous sommes peu habitués, dans ce genre littéraire. L'autre originalité, c'est que l'action de chaque tome se déroule durant l'un des 3 premiers mois de l'année. Le 3e tome, "Providence", qui vient de paraître, après "Morphée" et "Delirium Tremens", clôt la série. Nous nous retrouvons en mars de l'année 1863. En pleine guerre de Sécession américaine, en Louisiane, un déserteur morphinomane de l'armée Confédérée parvient dans une localité aux mains de ses ennemis Yankees. Il tente par la même occasion d'échapper à son passé de meurtrier qui ne cesse de le hanter. Dans le dernier opus paru, notre déserteur est parvenu à rejoindre des "maroons", une communauté d'esclaves noirs en fuite réfugiée dans les bayous, ces marais infestés d'alligators. Mais, également encerclés par d'autres prédateurs tout aussi dangereux : les soldats des armées nordistes et sudistes


Maître de conférence à l'université où elle enseigne la civilisation américaine et spécialiste des tribus amérindiennes, la scénariste Séverine Gauthier est notamment l'auteure de la magnifique série "Washita" dessinée par son mari, Thomas Labourot, chez Dargaud. "Même si j'amène l'histoire, j'aime que les dessinateurs se l'approprient et puissent faire des suggestions sur son déroulement ", explique la scénariste. Très tôt lectrice assidue de bandes dessinées, Séverine Gauthier a pourtant commencé à dessiner, dès l'âge de 10 ans, avant d'opter pour l'écriture 5 ans plus tard. "J'aime bien l'idée de raconter une bande dessinée en poésie, à mi-chemin entre le livre d'illustration et la BD. Bref, de transgresser les codes établis." Pas étonnant en tout cas de trouver autant de poésie dans les textes de cette scénariste qui se dit très influencée, par l'écriture, à la fois drôle et touchante, de l'auteur britannique Roald Dahl (Charlie et la chocolaterie, James et la pêche géante), mais, aussi, la musicalité de la langue anglaise qu'elle a elle-même autrefois enseignée.

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